mardi 22 avril 2014

Je ne suis pas bien portant...


Il y a peu de temps, +Benoit PETIT écrivait sur son blog, que la sérendipité avait du bon.
Et je ne peux qu'approuver lorsque le hasard nous offre de truculentes découvertes :

Lors de mes recherches aux Archives Départementales de l'Orne, j'ai consulté un registre intitulé :                                                              
                                       Délibérations du Conseil de Révision- Classe 1856 -


Ce registre est constitué de la liste des jeunes appelés par tirage au sort. 
En face de chaque nom, l'Etat Major a annoté si le futur soldat était "bon pour le service" ou si, il était réformé et les causes.
 
Par curiosité, j'ai feuilleté le registre et j'ai découvert à la fin de celui-ci plusieurs pages manuscrites, dont un document émanant d'un tribunal où ont comparu plusieurs jeunes gens présumés coupables de n'avoir pas voulu effectuer leur conscription.

Je ne peux m'empêcher de partager un extrait du document tant sa teneur m'a amusée :




L'an mil huit cent cinquante sept, le lundi 3 août,
Le Conseil de Révision du département de l'Orne composé de M.M...

s'est réuni à l'hôtel de la préfecture où...

a l'effet de statuer définitivement à l'égard de deux
jeunes gens de la classe 1856 déférés aux tribunaux comme
prévenus de s'être rendus impropres au service militaire ;

Vu sa décision du 18 mai 1857, par laquelle il a déféré
aux tribunaux comme prévenu de s'être rendu impropre au service
d'une manière permanente en se faisant arracher plusieurs dents à la
mâchoire inférieure le Sr Vigneron (C... Hippolyte), inscrit sous 
le numéro 20 de la liste du tirage au sort du canton de Mêle sur Sarthe. 
Vu la lettre en date du 21 juillet dernier, par laquelle M.
le Procureur Impérial prie le Tribunal de 1ère instance d'Alençon
faire connaître que le Sr Vigneron a été renvoyé ...  des
poursuites par une ordonnance de non lieu rendue par M. le juge
d'instruction ; qu'il est résulté de l'information que cet individu 
avait déjà perdu un certain nombre de dents, plusieurs mois avant
le tirage ; que le médecin dentiste, chargé de l'examiner, a constaté
qu'il avait une grande prédisposition  à la carie et que plusieurs
des dents qui avoisinaient celles que l'on avait dû extraire pour cause
de caries étaient elles-mêmes cariées par suite d'un contact antérieur ;
Vu l'article 41 de la loi du 21 mars 1832 en la circulaire
ministérielle du 28 juin 1835,
Décide : 1° Que le Sr Vigneron (C... Hippolyte) est exempté
pour perte de dents ;
... 
 
 
Libéré, je suppose que le Sieur Vigneron n'a pas "gardé une dent" contre l'Etat Major !
 
Cette petite histoire ne vous fait-elle pas penser à la chanson du comique troupier Ouvrard... ?
 
Pour le plaisir, écoutez :



                           
                                                   
 
 
 
 
 
 
Source : A.D Orne - Registre des délibérations du conseil de révision - 1856 - R 541
         






jeudi 17 avril 2014

#Généathème : Une épine généalogique... Episode 3 : L'épine est extraite....

Il y a deux jours, j'écrivais un petit billet sur l'état d'avancement de mes recherches concernant l'acte de mariage de mes arrières grands-parents maternels :

                                         Victor Emile Berthault & Marie Suzanne Tourré

Voir les articles :
1°   http://ciel-mes-aieux.blogspot.fr/2014/01/geneatheme-une-epine-genealogique.html
                                      
2°   http://ciel-mes-aieux.blogspot.fr/2014/04/geneatheme-une-epine-genealogique.html



Ce soir, grâce à +Elise Aupres de nos Racines  et à +Philippe Durut,  l'extraction de mon épine a été fulgurante... et indolore !
Je les remercie du fond du cœur...

L'entraide généalogique est une belle histoire... J'en suis toute émue... chamboulée...

Ainsi, j'ai le plaisir de vous informer que :                      
              
              Victor Emile & Marie Suzanne se sont unis à Blida en Algérie le 4 juillet 1874.

 
 

J'ai consulté plusieurs fois le site des ANOM en ligne, mais selon les critères de recherche, la réponse est négative (un oubli dans la numérisation ?)

Grâce au commentaire d'Elise, et en moins de cinq minutes, j'ai effectué une nouvelle recherche par commune et par date et non par patronyme. C'était aussi simple que cela... Encore fallait-il y penser !

Quant à mes arrières grands-Parents... Je suppose que Victor Emile a effectué son service militaire en Algérie comme l'atteste les registres militaires trouvés aux Archives Départementales de l'Orne.
N'ayant plus ses parents, il est demeuré dans le pays et s'est installé à Blida où il est devenu brasseur.
C'est ainsi qu'il a rencontré Marie Suzanne... qu'ils se sont mariés.

Alors, pourquoi sont-ils revenus vivre à Saint-Pierre du Regard dans l'Orne ?
Mais, ça, c'est une autre histoire... ;-)




Sources : ANOM - Etat civil - Blida - 1874





mercredi 16 avril 2014

#Généathème : Une épine généalogique - Episode 2....

Au mois de janvier, je vous faisais part de mon épine généalogique concernant l'acte de mariage de mes arrières grands-parents maternels :

                                    Victor Emile Berthault & Marie Suzanne Tourré

Voir article ici : http://ciel-mes-aieux.blogspot.fr/2014/01/geneatheme-une-epine-genealogique.html

Suite aux commentaires reçus, je me suis rendue aux Archives Départementales de l'Orne à Alençon.

J'ai trouvé divers documents concernant la conscription de Victor Emile :

- Registre du tirage au sort classe 1856 (R 637) :

 
 
 


J'apprends que Victor Emile était domestique à Montilli en 1856. Cette commune est voisine de Saint-Pierre du Regard, son lieu de naissance.

- Registre des listes par canton du contingent de l'Armée Territoriale (R 786) :


 
 
 
Le registre confirme que Victor Emile était domestique et qu'il résidait à Montilli. Il indique également qu'il mesurait 1m70, qu'il était bon pour le service et qu'il a été affecté dans un régiment de Chasseurs d'Afrique.
 
- Registre des délibérations du Conseil de révision (R 541) : 
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  
 
 
 
 
Ce registre ne m'apprend rien de plus. Cependant, c'est la première fois que je consulte ce genre d'archives.
 
 
 
Mais revenons à mon conscrit... A cette époque, les Chasseurs d'Afrique partaient pour   l'Algérie. Cela confirme, que Victor & Marie Suzanne se sont sans aucun doute rencontrés dans ce pays.
 
Mais je n'ai toujours pas trouvé leur acte de mariage !
 
J'ai donc recherché sur le site du CAOM (Centre des Archives d'Outre-Mer) une éventuelle union. Mais, l'état civil en ligne ne recense pas le mariage.
 
J'ai également consulté les tables décennales de l'état civil de Toulon et de Marseille pensant que peut-être ils s'étaient mariés dans une de ces villes portuaires. Là, non plus, je n'ai rien trouvé.
 
J'ai, aussi, consulté les tables de recensements de population de Montilli : pas de trace du couple.
 
 
Je ne désespère pas trouver l'acte de mariage. La prochaine étape sera de me rendre au SHD (Service Historique de la Défense) à Vincennes pour y chercher l'historique des régiments de Chasseurs d'Afrique et au CAOM à Aix en Provence pour y chercher le couple dans des documents non numérisés ( ex : liste de passagers)
 
La généalogie n'est pas un long fleuve tranquille...
 
A suivre...
 
 
Sources : A.D Orne                                                                                                                                                             
 

mardi 8 avril 2014

Une rencontre inattendue...

Dans mon dernier billet, Généathème : Avril, le mois des Ancêtres, je vous ai raconté ma rencontre imaginaire avec mon grand-père paternel !

En écrivant cet article, je ne me doutais pas que ma rencontre imaginaire se transformerait en une rencontre inattendue !

Parfois, le rêve et la réalité se rejoignent...
La généalogie engendre des "petits miracles"  et procure des instants de bonheur indicible que je ne résiste pas au plaisir de partager :

Mes grands-parents me sont inconnus et je ne possède aucun document familial les concernant hormis leurs actes de naissance, de mariage et de décès trouvés lors de mes recherches aux Archives Départementales ou dans les Mairies.

Mais, il y a quelques jours, Sylvie, une cousine germaine au second degré, m'a contactée via le site Généanet où elle a découvert mon arbre.
Nous ne nous connaissons pas.
Cependant, après avoir échangé quelques courriels, Sylvie m'écrit qu'elle détient une photo de ses arrières grands-parents donc de mes grands-parents...

Aujourd'hui, elle m'a envoyé la photo de Jules André Marly & d'Alphonsine Octavie Wallon.
Et je la remercie infiniment de m'avoir offert ce trésor !

Très émue, je découvre le portrait de mes ancêtres...




Je suppose que la photo a été prise lors d'une cérémonie, sans doute un mariage, car Jules a une boutonnière accrochée de sa veste.
Jules & Alphonsine sont visiblement intimidés et quelque peu empruntés devant l'objectif, mais ne sont-ils pas magnifiques, mes aïeux, surgi du passé !

Et, j'ai envie de leur dire :
"Chers Grands-parents,  
Je suis si heureuse de vous rencontrer... Enfin ! "



Et vous, avez-vous fait des rencontres inattendues ?







mercredi 2 avril 2014

#Généathème : Avril, le mois des Ancêtres...

Lors d'un voyage imaginaire, je musardais dans la campagne.
 
 
Chemin faisant, je rencontrais un vieil homme, assis sur un banc de pierre :
 -Bonjour...
      -Bonjour, me répondit-il, l'œil malicieux... Que fais-tu ici ?
- Je suis à la recherche de mes ancêtres paternels ! Je participe au généathème organisé par Sophie de la Gazette des Ancêtres et je dois mettre en lumière un de mes aïeux.
Le vieux monsieur tressaillit ! Il me dévisagea...
Visiblement ému,  il me demanda de m'asseoir à coté de lui :
      - Je vais te raconter une histoire, dit-il doucement :


            Je suis arrivé au monde, le mercredi 8 janvier 1868 à 7:00 du matin

Nous sommes sous le Second Empire et Napoléon III est l'empereur des français depuis 15 ans. La France compte un peu plus de 38 millions d'habitants dont 70% sont des ruraux.
         
           Je suis le cadet de la famille. Ma sœur, Adeline, a 12 ans à ma naissance.
Mes parents Joseph & Adeline sont manouvriers, autant dire que nous sommes des gens pauvres mais fiers comme ceux d'ici.
Nous habitons le petit village de Samoussy au nord-est de Laon. Il est bordé par une immense forêt domaniale et des marais et abrite quelques 200 âmes.
On raconte que l'illustre Charlemagne y est né en 771.
Le village est constitué d'une vingtaine de maisons et de quatre grosses fermes qui exploitent les terres alentours et emploient les habitants.
Nous travaillons durement et nous gagnons notre vie chichement : en été, le salaire moyen est de 3 Frs pour les hommes, 2 Frs pour les femmes et de 1 Frs pour les enfants. L'hiver, les salaires sont inférieurs.
Pour subsister, nous nous nourrissons essentiellement de pommes de terre,  de soupe de légumes et de lard.
Les jours de fête, nous mangeons parfois de la viande.
Le dimanche, durant la belle saison, nous nous rencontrons entre voisins et nous organisons des jeux.
         
En 1870, j'ai deux ans...
 ... La France déclare la guerre à la Prusse ! Mais après la défaite des français à Sedan, l'ennemi envahit notre région.
Ce n'est pas la première fois, déjà en 1814, les prussiens ont occupé nos campagnes et ont tout dévasté.

Après cette guerre, un décret gouvernemental ordonne aux communes d'ériger des monuments pour commémorer les morts pour la patrie.
A l'école, j'ai appris à écrire, à lire et à compter. D'ailleurs, lors du recrutement militaire, l'armée indique que mon degré d'instruction est de niveau 3.
Au printemps 1877, Adeline ma sœur, met au monde un fruit défendu : une petite Jeanne Marthe.
Fort heureusement, en octobre de la même année, elle épouse le père de l'enfant : Joseph Victor MATHIEU, un jeune veuf.

Le 14 juillet 1880, nous célébrons pour la première fois la Fête nationale.
Nous jouissons de nouvelles libertés : les réunions publiques sont autorisées et la presse est libre de s'exprimer comme elle le souhaite.
Et Jules FERRY instaure l'école laïque, gratuite et obligatoire.

Le 8 mars 1889, j'ai 21 ans. Je mesure 1m72. Je suis brun et j'ai les yeux gris. Je m'engage comme volontaire dans l'armée pour cinq ans. J'intègre le 3ème Bataillon d'Artillerie de Forteresse.

Tandis qu'à Paris, un certain Eiffel construit une immense tour en fer pour la grande Exposition Universelle.

Puis, je passe dans la réserve en mars 1892 et j'entre dans le Bataillon d'artillerie à pied de Maubeuge. 
Démobilisé, j'épouse Alphonsine Octavie Wallon, le samedi 10 septembre 1892. C'est une jeune fille du village voisin , Athies-sous-Laon. Elle a 22 ans et elle est manouvrière. Nos parents et nos amis sont présents à la mairie de Samoussy.
Nous signons l'acte de mariage, excepté ma belle-mère et son frère qui ont déclaré ne pas savoir.
Sept mois plus tard, le 22 avril 1893, notre premier enfant vient au monde, un garçon que nous appelons Jules Alphonse. Trop fragile, il ne vit que 17 jours avant de rejoindre les anges.
Puis, le 14 juillet, pendant que le pays est en liesse... nous pleurons la disparition de ma sœur.
Un an après, le 19 juin 1894, Alphonsine accouche d'une petite fille : Elise Germaine. 
Cette même année, la France est secouée par une affaire d'état : un capitaine nommé Dreyfus est accusé de trahison au profit de l'Allemagne. Il est condamné à la dégradation et à la déportation à vie... La controverse divise le pays...!
Ici, la vie continue et au fil des années, entre 1895 et 1911, nous aurons 11 autres enfants, 4 garçons et 7 filles : Germaine, Julienne, Emilienne, Andréa, Marcelle, René, Ida, Jules, André, Michel et Alice.
Nous nous installons successivement à Athies-sous-Laon, à Samoussy puis à Gizy ; là où je trouve du travail car je suis également manouvrier et je dois travailler durement pour nourrir mes petits.
Pendant ce temps, une découverte bouleverse le monde...
Les frères Lumière inventent : le cinématographe ! C'est un énorme succès qui attire la foule...
 
Mais cela n'amadoue pas mon caractère, je suis querelleur. Par deux fois, je suis condamné pour coups et blessures volontaires par le Tribunal Correctionnel de Laon. La première fois, le 22 mai 1896, par défaut, à huit jours de prison et la seconde fois, le 2 mai 1903, à cinquante francs d'amende.
          Mon père s'éteint à 73 ans, le 29 décembre 1902, dans sa maison.

Il ne connaîtra pas les bouleversements émergents avec la naissance du XXe siècle : le pays s'industrialise néanmoins, dans nos campagnes, les choses évoluent plus lentement. D'ailleurs, certains d'entre nous vont chercher une vie meilleure dans des contrées lointaines comme l'Algérie.
La République est partisane de la laïcisation et vote, en 1905, la loi sur la séparation de l'Église et de l'Etat.

Et bientôt, des évènements internationaux vont mener l'Europe vers un cataclysme : l'assassinat d'un Archiduc et un jeu d'alliances nous oblige à entrer, de nouveau, en guerre.
En août 1914, plus de trois millions d'hommes sont mobilisés.
Le conflit est mondial !

Pendant quatre ans, notre région est occupée par l'ennemi.
Les tranchées, où les soldats se battent, ne sont qu'à quelques kilomètres à vol d'oiseau de nos habitations.
Nous, les civils, subissons les exactions, les privations et les vexations que les allemands nous infligent.

Cinq ans après la Première Guerre Mondiale, Alphonsine décède à l'Hôtel-Dieu de Laon, le 16 février 1923.
Tu sais, la guerre nous a traumatisés... Aujourd'hui, certains veulent tourner la page et retrouver l'insouciance d'avant.
Nous vivons les "Années Folles" !
On m'a raconté qu'à Paris, une jeune danseuse noire, Joséphine Baker, se produit dans un spectacle appelé "La Revue Nègre".   

Moi aussi, j'aspire à une certaine quiétude. Je me remarie avec Marie Elvire VANPUYVELDE, le samedi 7 juillet 1928 à 16:45 à la mairie d'Athies s/Laon... J'ai 60 ans et je ne veux pas finir ma vie, seul...
Pendant l'été 1936, le Front Populaire fait voter deux lois : la réduction du temps de travail hebdomadaire et l'octroie de deux semaines de congés payés.

Après une période de paix appréciable, la montée du fascisme en Europe, laisse à nouveau, planer le spectre d'un nouveau conflit... Le 3 septembre 1939, soutenus par le Royaume Uni, nous déclarons la guerre à l'Allemagne.
C'est la Seconde Guerre Mondiale !

Hélas, je ne verrai pas la fin des combats !
Pour moi, l'ultime moment est arrivé, je m'éteins le 6 janvier 1942 à 22:00 à mon domicile.
Ainsi, s'achève mon récit...
        

        Mais, je ne me suis pas présenté :

        Je m'appelle Jules André Marly. Je suis ton grand-père...



Signature de Jules André Marly





Sources : Acte de naissance de Jules : A.D Aisne : 5Mi0111(1863-1892) vue 33
                Acte de mariage de Jules & Octavie : Mairie de Samoussy
                Acte de décès de Jules : Mairie d'Athies S/Laon
                Fiche matricule militaire de Jules :A.D Aisne : 20R051 (1888) 
                Acte de mariage de Adeline & Joseph : Mairie de Samoussy
                Monographie de la commune de Samoussy : www.genealogie-aisne.com 
                Contexte - Thierry Sabot - Editions Thisa
                Bescherelle - Chronologie de l'Histoire de France - Hatier
                Images :
- Collection personnelle - Les carrières d'images aux Baux de Provence
- Carte de Cassini - BNF - http://www.gencom.org
- Construction de la tour Eiffel en 1888 - Gallica -BNF
- Affiche Cinématographe Lumière -Gallica - BNF