mercredi 19 février 2014

L'Hospice Saint-Louis...


Lors de mes recherches sur mes ancêtres maternels, j'ai découvert une autre enfant abandonnée.
Il s'agit de mon Sosa 121, Clémence Euphémie. Elle a été trouvée le 4 avril 1808 aux portes de l'Hôpital Général de Caen, comme l'atteste son acte de naissance :



Du quatrième jour du mois d'avril l'an mil huit cent huit a une heure du soir
Acte de naissance de Clémence Euphémie nouvellement née...
trouvée exposée le jour d'hier à cinq du soir à la porte de l'hôpital général rue saint louis
Elle était vêtue d'un lange un bonnet et le reste en nécessaire...
Le sexe de l'enfant a été reconnu être féminin
Premier témoin : Michel Lamy employé de l'hospice âgé de cinquante sept ans
demeurant en cette ville rue Notre-Dame
Second témoin : Antoine Jean Binet portier de l'hôpital âgé de soixante treize ans
sur la réquisition à nous faire part par Jacques Thébault commissaire du dépôt des enfants trouvés qui s'en est ressaisi et ont signé après lecture

Constaté suivant la loi, par moi Michel Ducheval
maire par décret de la ville de Caen faisant les fonctions d'officier public de l'état civil

Comme beaucoup de petits malheureux d'alors, Clémence a grandi entre les quatre murs de l'Hospice Saint-Louis.

L'Hospice Saint Louis ou Hôpital Général de Caen est un établissement charitable fondé en 1655 sous Louis XIV et régi par la Congrégation des Servantes de Jésus. Cette communauté religieuse compte 8 sœurs en 1679 et 24 au moment de la suppression de l'ordre.

Sa vocation est d'y recevoir les mendiants et les vagabonds. L'hospice est un exemple d'institution disciplinaire. Cet établissement pratique la politique d'enfermement systématique des pauvres hères. Il accueille les miséreux de la ville ainsi que les petits orphelins après l'âge de 8 ans et les personnes âgés invalides.
En 1698, des ateliers de dentelle y sont créés pour faire travailler les filles et les garçons. Clémence y apprendra son métier.
Le travail est obligatoire pour tous : sa durée est de 8 heures par jour du 15 avril au 15 septembre et de 7 heures du 15 septembre au 15 avril.
Les enfants se lèvent à 5 heures du matin l'été et se couchent à 20 heures l'été et à la dernière heure du jour, les autres saisons.
Les enfants bénéficient d'une promenade le jeudi après-midi.
En matière disciplinaire, une injure proférée à l'encontre du personnel et des Sœurs en particulier est passible d'un séjour de 10 jours maximum au pénitencier.

Difficile d'imaginer un endroit plus sinistre pour ces petits.... et pour les plus grands également.

A la fin du XVIIIe siècle, les mendiants et les vagabonds sont transférés au centre de dépôt de mendicité de Beaulieu (actuel centre pénitentiaire de Caen)

Au début du XIXe siècle, les "Petits Renfermés" (centre d'accueil des orphelins ou des enfants abandonnés à la naissance créé par le prêtre Garnier en 1630) et l'hospice St-Louis deviennent une institution unique. Un décret de 1811 le désigne comme hospice dépositaire pour les enfants abandonnés du département du Calvados. Il abrite également les vieillards caducs.

En 1908, un nouvel hôpital, actuellement Hôpital Clémenceau, est inauguré et l'Hospice St-Louis est transféré dans les locaux de l'ancienne Abbaye aux Dames en 1914. C'est là que Marie et Emilienne sont accueillies en 1919 (voir article : Histoire d'un abandon)


Les anciens locaux servent d'hôpital militaire pendant la Première Guerre Mondiale avant d'être détruits en 1920.
Entre 1972 et 1984, l'Hospice St-Louis est transféré dans le couvent de la Charité et se spécialise dans l'accueil des personnes âgées et change de nom : centre pour personnes âgées, puis résidence  "La Charité "


Quant à Clémence, jeune dentellière, elle épouse Jacques Aimé Marc Fouques, boucher, le 6 mars 1828 à Mondeville près de Caen. Elle a 20 ans.

Ils ont six enfants : Hélène Rosalie ° le 23 mai 1824
                               Jacques Alexandre ° le 29 aout 1825 (Sosa 60)
                               Alphonse Aimé Adolphe ° le 31 janvier 1828 
Ces enfants sont  légitimés lors de leur mariage
Puis viennent :  Jean Baptiste Achille ° 16 novembre 1830
                          Adèle augustine ° 15 janvier 1833
                          Adelina Clémence ° 1835

Jacques Aimé décède le 28 mai 1839 à 35 ans.

Clémence épouse en secondes noces, Désiré Henri Verroye, un militaire.

Elle disparaît le 2 janvier 1879 à 71 ans.




Sources : Wikipédia.org
                Les enfants de Saint-Louis de Paul Dartiguenave
Image : carte postale : L'Abbaye aux Dames et l'Hôtel Dieu - Collection personnelle
Acte : A.D Calvados - N 1808 [2 MI-EC 1582]  





samedi 15 février 2014

# Lovegenealogie : Ma déclaration....



Photo E.A



En ce jour de la Saint Valentin, + Grégory Rhit, nous invite à faire une déclaration d'amour à la Généalogie.
J'ai trouvé l'idée originale et touchante.
Donc, j'ai pris ma plume :




Un jour, nos routes se sont croisées et tu m'as charmée.
Tu m'as prise par la main et tu m'as emmenée sur les chemins du passé.
Intimidée, je t'ai suivie malgré la crainte de m'égarer.
Il nous a fallu du temps pour nous apprivoiser.
Quand tu m'as présenté mes ancêtres, j'ai ri et j'ai pleuré
Et grâce à toi, j'ai appris à mieux me connaître.
Oh ! bien sûr, tu es exigeante et parfois envahissante.
Tu m'accompagne le jour et parfois la nuit
Tu es la cause de mes insomnies...
Mais je t'aime : Lovegénéalogie !

Voilà, c'est dit....









Grégory Rhit : http://www.rhit-genealogie.blogspot.fr










vendredi 14 février 2014

Une conférence aux Archives Départementales de Paris...

Cette semaine, les Archives de Paris proposait une conférence  :

           "La Première Guerre Mondiale vue par Rudyard Kipling & Arthur Conan Doyle"
                                                               par Laurent Bury
                                            Professeur de littérature anglaise à Lyon-II

à laquelle j'ai assistée.

C'est devant un auditoire attentif que le conférencier, Laurent Bury, débute son exposé et décrit le parcours de ces deux grands écrivains.

Si leur style est très différent, la vie des deux hommes présente beaucoup de similitudes :

Arthur Ignatius Conan Doyle est né le 22 mai 1859 à Edimbourg. Il est écossais mais ses ancêtres sont irlandais et catholiques. Son père, alcoolique sombre dans la folie et est interné.
Arthur est placé chez les jésuites.

Rudyard Kipling est né le 30 décembre 1865 à Bombay. Il est anglo-indien. Son père John Lockwood est professeur de sculpture architecturale. Après sa petite enfance, Rudyard quitte Bombay et est envoyé, avec sa sœur, en Grande Bretagne pour y débuter ses études. Il vit très mal ces années d'isolement et de solitude.

A.C Doyle suit des études de médecine à Edimbourg. Il y croise deux autres écrivains Stevenson et Barry (le créateur de Peter Pan).
Il est marqué par un certain Dr Bell qui dit-on inspira Arthur pour la création de son personnage : Sherlock Holmes.
Parallèlement à ses études de médecine, il publie une première nouvelle à 20 ans.
Puis, entre autre : Une étude en rouge (1887) - Signe des 4 (1890) - Le chien des Baskerville (1902)
A la fin de son cursus, il embarque sur un vaisseau en partance pour l'Afrique en tant que médecin.
Et en 1900, il participe à la guerre des Boers en Afrique du Sud.
Il publie, en 1902, La guerre en Afrique du Sud : ses causes et sa conduite, pour répondre aux accusations menées contre son pays ; ce qui lui vaut d'être anobli par le Roi Edouard VII.

Après ses études, R.Kipling retourne en Inde et y débute une carrière journalistique. Après la publication de plusieurs nouvelles, il part vivre aux Etats Unis.
C'est à la même période qu'il fait connaissance avec A.C Doyle
Il publie : L'homme qui voulut être roi (1888) - Le livre de la jungle (1894) - Capitaine courageux (1897) - Kim (1901)
Il entreprend plusieurs voyages en Afrique du sud et soutient, également, la cause britannique pendant la guerre des Boers.
En 1902, il est, surtout, connu comme poète dans tout le Royaume Uni. Son célèbre poème : "If" ( en français : "Tu seras un homme, mon fils") écrit en 1910 est encore, de nos jours, le poème le plus prisé en Angleterre.
Il est, le premier britannique, à recevoir le prix Nobel de littérature en 1907.

Parallèlement, les deux hommes se marient.
A.C Doyle a deux enfants : Mary et Kingsley et R.Kipling, lui, a trois enfants : Elsie, John & Joséphine.

Avant la Première Guerre Mondiale, Doyle qui s'intéresse aux sports participe à une course automobile en Allemagne et découvre que le pays se prépare à entrer en guerre.
Kipling, lui, se préoccupe de la rivalité croissante entre l'Allemagne et l'Angleterre à cause de leur flotte navale. Il publie plusieurs articles sur le sujet.

Dès le début du conflit, Kipling et Doyle rejoignent le War Propaganda Bureau (WPB). Cette organisation recense pas moins de 25 grands noms de la littérature britannique. Son objectif est de manipuler l'opinion et d'influencer les Etats Unis afin qu'ils entrent en guerre.

Dans ce cadre, Kipling et Doyle se rendent sur le front et visitent les sites bombardés, entre autre :Ypres en Belgique pour Doyle et Reims pour Kipling.

En 1915, Kipling écrit : France at war (La France en guerre).
En 1916, Doyle publie : A visit to three fronts : glimpses of the british, italian and french lines (Visite sur les trois fronts : aperçu des lignes britanniques, italiennes et françaises)
Ces deux livres ont été traduits par Laurent Bury et n'avaient pas été republiés depuis leur parution.

La guerre marque à jamais les deux hommes. Ils perdent chacun leur fils "chéri" :
Kingsley Doyle né en 1897, est grièvement blessé pendant la bataille de la Somme en 1916 et meurt de la grippe espagnole en 1918.
John Kipling, né également en 1897, ne devait pas participer à l'effort de guerre à cause d'une myopie importante. Son père a fait jouer ses relations afin qu'il soit enrôlé. John est porté disparu en septembre 1915 pendant la bataille de Loos (Artois). Il a 18 ans.

Rudyard atteste de son accablante culpabilité lorsqu'il écrit en 1918 :
                   Si quelqu'un veut savoir pourquoi nous sommes morts,
                   Dites-leur : parce que nos pères ont menti.
Il meurt le 18 janvier 1936 à Londres.

Quand à Doyle, la guerre emporte, outre son fils : deux de ses neveux, deux de ses beaux-frères et son frère cadet. Il ne se remettra jamais de son chagrin et plonge dans le désespoir. Il se tourne vers le spiritisme et les sciences occultes.
Il meurt le 7 juillet 1930 à Crowborough.

Sur ces paroles, Laurent Bury, achève sa conférence.
Si celle-ci m'a éclairée sur la vie romanesque de Rudyard Kipling et de Sir Arthur Conan Doyle, je regrette que le contenu des deux livres, qu'il a traduit, n'aie pas été mis plus en lumière.
Je suis restée sur ma faim...

J'ai donc acheté les deux livres et je vais m'empresser de les lire :




 

Editions : Les Belles Lettres - Mémoires de guerre

Code ISBN : 978 2 251 31007 7 (Doyle)
                     978 2 251 31008 4  (Kipling)























vendredi 7 février 2014

Ma to do not list, mes irrésolutions généalogiques...

Début janvier, j'ai vu fleurir sur les blogs ou sur Twitter, des messages annonçant que 2014 serait l'année des résolutions généalogiques : les planifications que nous lançons au début de chaque année, que nous oublions au fil des mois et qui reviennent en mémoire au début de l'année suivante  !

Plusieurs généabloggeurs se sont engagés par écrit à effectuer une tâche mensuelle pour achever un travail qui jusqu'ici était en attente. Et certains ont déjà confirmé leurs promesses... Félicitations !

Pour ma part, je me promets, depuis 4 ou 5 ans, d'enregistrer sur Hérédis toutes mes données ! (j'enregistre le minimum)
                      
-Tu as 365 jours pour le faire, me dis-je chaque début d'année !

Et je réalise que cela fait plus de 1500 jours de promesses non tenues... La reine de la procrastination généalogique, c'est moi !

Aussi, ne me suis-je pas précipitée pour répondre à l'appel de Sophie... Mais c'était sans compter avec la petite voix intérieure : celle qui donne mauvaise conscience et qui essaie de vous attirer sur le droit chemin.

Finalement, j'ai cédé... et depuis deux semaines,  j'ai entrepris un grand travail de mise à jour sur Hérédis, la version 2014 Pro achetée en novembre 2013. (Ah oui, déjà 3 mois... Le temps passe si vite !)
Il était temps d'expérimenter ce nouveau logiciel prometteur qui a fait l'objet de plusieurs articles.

Voici le résultat du travail réalisé :

Première tâche : Reprendre tous les actes qui sont rangés dans des classeurs : un pour chaque grand-parent .

Seconde tâche : Enregistrer le maximum de renseignements sur le logiciel. La relecture des actes m'a permis de relever des informations passées inaperçues.

Puis, j'ai vérifié et enregistré les sources (AM ou AD + réf. des cotes),


         J'ai inscrit les témoins,

         J'ai scanné chaque acte que j'ai ensuite enregistré dans les médias,

         J'ai créé de nouveaux évènements pour les fiches matricules militaires, les contrats de mariage...




Les petites barrettes de couleur précisent que les évènements principaux sont complets... Ouf !

Puis, j'ai fais une sauvegarde sur mon ordinateur portable. Hérédis propose une synchronisation par wifi, cela s'effectue en moins d'une minute. Ainsi, mes deux ordinateurs sont simultanément à jour.

En quinze jours, j'ai  revu tous les actes de mes ancêtres maternels.
Si la satisfaction du travail accompli est là, la tâche est loin d'être achevée... Il me reste à revoir  les actes paternels et ceux des ancêtres de mon mari.
Donc, je continue ma petite besogne ! A suivre :-)







lundi 3 février 2014

# Généathème : Le document du mois

En ce mois de février, +Sophie Boudarel nous propose de mettre en lumière un document qui nous touche particulièrement.

Je détiens quelques "vieux papiers" du côté de la famille Achon, mais du côté de mes ancêtres les cartons d'archives sont vides... ou presque.

Donc, je pensais mettre en valeur un acte notarié rédigé en Auvergne au XIXe siècle.

Mais c'était sans compter avec ma fibre ménagère... et mes petites séances de rangement... Cela m'arrive de temps à autre.

Dernièrement, en déplaçant des vieux cartons, mon regard s'est porté sur celui contenant les archives de mes parents.
Naturellement, j'ai soulevé le couvercle... Et puis, j'ai soulevé un papier, puis deux , puis... finalement, j'ai vidé la boîte. Et puis, en regardant ces papiers jaunis, les souvenirs ont jailli... Et puis, le temps a suspendu son vol...

Et après quelques heures d'une petite escapade dans le passé, une surprise m'attendait. Au milieu d'un méli mélo de photos, de papiers administratifs et de lettres, bien rangés dans une enveloppe en papier kraft, j'ai découvert le livret militaire de mon père ainsi qu'un "ausweis" lorsqu'il était prisonnier STO en Allemagne.

J'ignorais que je détenais ces précieux documents ! Ils attendaient dans leur écrin de carton que je les découvre pour vous les présenter :








  
En février 2013, je suis allée au Service Historique de la Défense à Caen. J'y ai trouvé le dossier de prisonnier de mon père. Mes découvertes feront l'objet d'un prochain article.
Et avec mes dernières trouvailles, je vais pouvoir compléter le parcours militaire de Papa !